Poste 7

Lien vers les traductions – Deutsch – Italiano – English

La Fournière

Le centre du village

    C’était là le centre absolu de la modeste agglomération de l’Abbaye. En quelques bâtiments même vétustes, tout ce qui pouvait servir à la communauté s’y trouvait. Il y avait d’abord, dans le bas, la grande fontaine. Là où on lavait son linge dans un bassin réservé à cet usage et où l’on menait abreuver le bétail deux fois par jour, tout au moins pour ceux qui se réclamaient de ce quartier. Car naturellement point d’abreuvoirs automatiques dans les maisons en ce temps-là.

     Juste au-dessus, c’était le four, établi en ce lieu après qu’il fut longtemps situé dans l’ancien quartier « monacal » du bas. Il devint par la suite boulangerie, avec le dernier animateur, John Truan. Et puis venait l’école. Bâtiment réservé à cet usage jusqu’en 1830  où un grand et beau collège,  indépendant des autres bâtiments cette fois-ci, fut construit à quelque distance de là. On trouvait encore, tout cela appondu, la laiterie ou fromagerie du village, construite en 1811. On devait y fromager jusqu’en 1955, avec pour dernier laitier Alfred Besson, en place depuis au moins 1934.  

    Voilà donc de quoi faire venir en foule les habitants du village. Mais ce n’est pas tout. Cette rue pouvait être fréquentée de manière beaucoup plus intense encore par les charrois de grands bois qui montaient aux scieries. Par les troupeaux que l’on conduisait aux alpages supérieurs. En fait par tout ce qui pouvait être conduit ou charrié du bas en haut de ces fières et raides  pentes boisées ou vice-versa. C’était l’encombrement. On se croisait à peine. Mais au moins le village vivait. Car c’était aussi en ce haut du village que l’on trouvait une partie importante des fermes. Signalons que ce quartier brûla en 1833 et que lors de la reconstruction l’on n’en revint pas à l’architecture traditionnelle avec le néveau devant la maison, mais que l’on préféra établir des façades pleines,  avec de belles portes de grange ou d’écurie en pierre de taille et en voûte.

Rue du Haut à l’Abbaye. Granges et écuries aux portes cintrées. René Meylan, 1929.
Cadastre de 1814. 55. Fromagerie 57. Four et école, avec la grande fontaine couverte juste au-dessous. Le no 60 est la scierie du bas, la moins performante des trois alors en place dans ce quartier supérieur. Toutes les fermes sont encore construites à l’ancienne.

Au four et non au moulin !  

    Au début il y eut le four monacal, à l’usage des religieux comme aussi de la population déjà en place et dont malheureusement on ne sait rien, ni quel était le nombre de ces laïcs, ni même où ils pouvaient loger.

    Les religieux partis, le four monacal continua à servir aux habitants sous des conditions que l’on ignore.

    Le vieux four disparu, il convint d’en édifier un nouveau. Dans le haut du village cette fois-ci et à l’endroit même où se trouve les vestiges de l’ancienne boulangerie Truan. Nous pensons que ce transfert s’effectua au début du XVIIIe siècle, alors que dans un même temps l’on construisit aussi l’école sur le même site, d’où l’imbrication totale de ces deux complexes, le four au rez, et l’école au premier étage, première formule possible, ou l’un à la suite de l’autre.  Cette promiscuité ressort d’ailleurs un siècle plus tard, en 1837 alors que l’ensemble no 57 est  désigné de la manière suivante :

   Abbaye, le hameau de l’. A l’Abbaye, une maison d’habitation servant de maison d’école plus deux fours[1].

[1] ACA, GEB 139/1.

Un four, cela s’use rapidement par l’usage permanent que l’on en fait,  mais surtout par les fortes températures que nécessite la cuisson.  Les travaux d’entretien ou même de reconstruction sont donc nombreux et récurrents, et cela tout au long de la durée de vie de cet établissement, du début du XVIIIe au milieu du XXe, alors que le four commun est devenu depuis longtemps boulangerie. Un nommé Margot, citoyen de Morges, est un grand spécialiste de ces travaux. Il interviendra dans de nombreux fours de la Vallée dès le début du XIXe siècle. Participent aussi à ces travaux les maçons des Bioux.

    On engage des fourniers.     L’établissement d’un four privé dans le village par les hoirs de feu François Louis Rochat indivis avec Pierre Samuel Rochat est considéré comme une entorse aux règles communes, car le dit four s’est établi contre la réunion de la fondation des fours du village, puisque tous les particuliers étaient réunis en société pour cela,  pour faire un fond où chacun a part à cette économie en rapport que cela peut produire[1].

[1] ACA, BA1, 13 janvier 1816.

    Un arrangement, où les nouveaux propriétaires affirment que personne d’autre qu’eux n’utilisera leur four,  semble aplanir les difficultés.

    Où l’on parle des fours du village en ce début du XIXe siècle. Ils devaient donc être deux. Côte à côte, c’est ce que l’on peut imaginer. Deux fours pour suivre la cadence alors que chacun vient y cuire son pain et ses gâteaux ?

    Telles sont les conditions faites au fournier Abel Samuel Rochat de l’Abbaye pour 1816 :

    Prix 131.- outre les vins.

    Cautionnement d’Abram Siméon Guignard.

    Devra maintenir un bon vent dans les dits fours pour les avoines.

    Avoir tous les outils pour cette profession.

    Devra rester au four pendant le temps que le feu y sera

    Devra maintenir  la propreté dans le four et dans la cheminée.

    Devra maintenir libre de glace l’entour de la fontaine – le fournier sert beaucoup d’eau pour préparer ses pâtes –  pour que le bétail puisse approcher sans entrave.

    Il jouira du rablonage de la dite fontaine, soit du fumier. Il se peut donc que notre fournier soit aussi en possession d’un petit domaine, sa profession ne lui permettant pas de nouer les deux bouts.  

    En d’autres lieux on aurait banni la présence d’enfants dans le four. De même que celle des femmes qui batoillent et gênent le fournier dans ses fonctions ! On aurait aussi précisé qu’il était interdit de sécher des douves ou autres éléments de bois dans le four, pour les risques d’incendie que cela occasionne.  

    Les particuliers qui utilisent le four ont eux aussi leur obligations, comme de prévenir le fournier assez longtemps à l’avance, de fournir du bois sec pour la cuisson de ses propres produit, de peser sa farine en l’entrant au four.

    L’analyse en détail de toutes ces obligations, autant pour les uns que pour les autres, permet de pénétrer de manière directe dans le mode de vivre de ce temps-là.  

    Une nouvelle école étant construite en 1836-1839, on pourra vendre à l’enchère publique les locaux que celle-ci utilisait dans le complexe four-école. Les premiers restent la propriété du village.

    Retrouvant un Margot de Bussy sur Morges en 1910 en correspondance avec le village, on peut donc affirmer que plusieurs générations de ce nom œuvrèrent dans la réfection des fours, et cela sur près d’un siècle.

    Les fourniers sont remplacés par des boulangers dès 1895 où l’on découvre que Henri Rochat est le boulanger du village.

    En 1915 le nouveau est Charles-Antoine Rochat, probablement l’ancêtre des boulangers du Lieu, famille Le Grain.  

    Le premier bail de John Truan remonte à 1925. L’homme restera boulanger du village jusqu’en 1975 au moins.

    Mais la situation de locataire n’était pas viable pour John Truan. Il racheta le bâtiment en 1939.

    Liste des boulangers selon l’IV

    1895 Rochat Henri, idem jusqu’en 1910

    1915 Rochat Charles-Antoine

    1925 Cevey Ami

    1930 John Truan, idem jusqu’en 1985

Un enseignement plus précoce qu’on ne l’aurait cru

    Les « Règles pour la communaulté de l’Abbaye, 1591-1688[1] », signalent un enseignement dans la dite commune au milieu du XVIIe siècle au moins. Ainsi peut-on lire :

    Led. jour ordonné que cy après sera livré à ceux des Bioz et du Pont pour salaire de leur Maistre d’Escholle à un chacun cinq florins annuellement[2].  

[1] Editions Le Pèlerin, 2002, p. 30.

[2] Editions Le Pèlerin, 2002, p. 30.

Nous sommes, selon les règles voisines, en 1649. Le maître de l’Abbaye n’est pas cité. Mais nul doute qu’il soit aussi en fonction. Il est même possible qu’enseignant au chef-lieu de la commune, ses rémunérations soient supérieures.

     Les procès-verbaux seront plus explicites[1] :

[1] Texte en écriture ancienne, donc difficile à lire. Pour rendre la lecture possible, on retouche l’orthographe.

Dudit jour le Conseil a résolu en présence de notre Seigneur Ministre à travailler à l’élection d’un nouveau maître d’école. En premier le dit Seigneur Ministre a représenté au nom de l’ancien maître d’école, Abel Golaz, qu’il désire d’avoir acte testimonial de sa conversation et fidélité en son service, ce qui lui a été accordé d’unanime voix pour avoir bien conversé.

    Après ce a été trouvé nécessaire que ceux qui offrent leur service pour lui succéder soient examinés pour choisir le plus capable.

    Les offrants leur service sont Egrege Abraham Viande et Maître Adam Gestaz, originel de Château d’Oex, lequel a produit à notre Seigneur Ministre des probantes attestations.

    Par ce on les a faits lire et écrire, puis on a fait mention de la conversation extérieure.

    Tellement que les trois (illisibles, notons ici postulants), a été résolu qu’on doit parler ou convenir avec Gestaz si faire se peut.

    Ordonné au Gouverneur de donner congé aud. Sr. Viande et lui donner demi quart de sou pour son Viaticum.

    Journée à rencontrer.

    On lui baillera deux communiers pour aller abattre du bois et 4 chevaux pour l’aller quérir, et ces journées seront rencontrées sur les journées de commun.

    On lui baillera cinquante batz pour sa maison à se retirer et échauffer.

    On lui fera son catalogue selon le jugement de notre Seigneur Ministre.

    On lui paiera par enfant demi quarteron d’orge à Saint-Martin, beurre trois livres, fromage trois livres, argent deux florins six sols payables moitié à la mi-an, et le reste au bout de l’an.

    Leurs Excellences baillent trois sacs orge.

    La commune donne septante florins établis par quartier.

    Tiendra deux écoles (sauf le samedi) à l’Abbaye, deux au Pont, et passera deux fois la semaine au Mont-du-Lac.

    La commune lui fait 44 enfants, bons

   Le gouverneur l’accompagnera pour avoir (justice) contre ceux qui négligeront de le payer.

    On lui donnera un quart de sous pour faire tenir son bagage.

    Moyennant le dit salaire, a promis tenir fidèlement un an en sorte qui n’en arrive plainte, et se soumettre aux prudents ordres et commandements de notre Seigneur Ministre.

    Dieu bénit le tout.

    Amen[1].          

[1] ACA, A2

Cet exceptionnel règlement dont on retrouvera l’original à la page suivante,  ce qui permettra de comprendre quelles difficultés de lecture peut offrir un tel document mais aussi des erreurs de transcription que l’on peut commettre, nous donne donc les conditions d’un régent combier au milieu du XVIIe siècle.

    On peut être intrigué par la présence d’un instituteur venu du Pays d’Enhaut. On peut comprendre que celui-ci a suivi en quelque sorte le courant d’émigration des gens de là-bas qui louent leur service dans le canton, d’une part et de manière bien mieux connue, pour fromager dans les alpages de notre région, et d’autre part pour l’enseignement.

    On sait que dans ces vieux temps l’école se tenait dans des chambres particulières louées par des privés. Ainsi location en 1725 d’une maison à Joseph Dunand, 20 florins. Il est possible alors que cela comprend et la salle d’école et le logement du régent.

    Mais le village de l’Abbaye, étant en cela précurseur, construira sa propre école en 1729. On achète alors un chésal, soit un bout de terrain pour y construire le nouveau bâtiment.

    La maison d’école était souvent dite maison du village. Le régent touche 25 florins en 1736.

    Mais bien que l’on ait désormais une école à disposition, il semble qu’on loue encore parfois une chambre dans le village.

    Notons qu’il y aura aussi une forme d’enseignement pratiquée au niveau des Chalottets, lieu dit dessus l’Abbaye, et où une partie de la population passe une partie de la belle saison. Abram Isaac Guignard,  charpentier, y a fourni des bancs en 1754 pour la somme de 2 florins.

Cet exceptionnel règlement dont on retrouvera l’original à la page suivante,  ce qui permettra de comprendre quelles difficultés de lecture peut offrir un tel document mais aussi des erreurs de transcription que l’on peut commettre, nous donne donc les conditions d’un régent combier au milieu du XVIIe siècle.

    On peut être intrigué par la présence d’un instituteur venu du Pays d’Enhaut. On peut comprendre que celui-ci a suivi en quelque sorte le courant d’émigration des gens de là-bas qui louent leur service dans le canton, d’une part et de manière bien mieux connue, pour fromager dans les alpages de notre région, et d’autre part pour l’enseignement.

    On sait que dans ces vieux temps l’école se tenait dans des chambres particulières louées par des privés. Ainsi location en 1725 d’une maison à Joseph Dunand, 20 florins. Il est possible alors que cela comprend et la salle d’école et le logement du régent.

    Mais le village de l’Abbaye, étant en cela précurseur, construira sa propre école en 1729. On achète alors un chésal, soit un bout de terrain pour y construire le nouveau bâtiment.

    La maison d’école était souvent dite maison du village. Le régent touche 25 florins en 1736.

    Mais bien que l’on ait désormais une école à disposition, il semble qu’on loue encore parfois une chambre dans le village.

    Notons qu’il y aura aussi une forme d’enseignement pratiquée au niveau des Chalottets, lieu dit dessus l’Abbaye, et où une partie de la population passe une partie de la belle saison. Abram Isaac Guignard,  charpentier, y a fourni des bancs en 1754 pour la somme de 2 florins.

Conditions auxquelles est soumis le régent de l’Abbaye en 1784

    Teneur d’icelui.

    L’honorable hameau de l’Abbaye assemblé le 9e février 1784 de concert avec Monsieur le Ministre Rochat, révérend pasteur à dite Abbaye, ont réglé les conditions sur lesquelles le régent qui sera établi jeudi prochain pour l’école du dit hameau devra se conformer comme suit :

    1o Le dit régent fera dès la St. Martin jusques à Pâques dix écoles par semaine. Le jeudi et samedi matin, il fera une leçon d’écriture et d’arithmétique en faveur des enfants qui seront en âge et en état d’être enseignés sur ce fait. Et fera pendant le sus dit temps, cinq catéchismes le matin par semaine et devra interroger les enfants dès l’âge de 12 à 13 années et au-dessus.

    2o Dès Pâques à la St. Martin, il fera onze écoles par semaine, savoir huit au village, deux au chalet de dessus du dit village, une le lundi et l’autre le jeudi, toutes à des heures fixes et réglées, et pour la onzième, il fera le dimanche après le Service Divin fini en faveur des enfants qui savent lire et réciter leur catéchisme.

    3o Le dit régent ne pourra introduire des écoliers étrangers qui ne sont pas du dit village aux écoles pour négliger ceux de l’endroit.

    4o Quant su Service Divin qu’il doit faire à l’église, on s’en tient aux lois ecclésiastiques de LL. EEx. de 1773, notamment à celle de la page 12e, article 8e, qui dit que lorsqu’il n’y aura qu’une action dans l’église, le pasteur fera lire la prière au régent en place de la seconde action.

    5o Quant à l’exactitude de ses fonctions, on s’en tient aussi aux mêmes ordonnances, principalement à celle de la page 30e, article 7e, qui fait qu’un régent ne peut s’absenter un jour entier sans la permission de son pasteur.

    6o. Enfin le dit régent devra comme du passé mener le chant des psaumes à l’église et percevra le sac d’orge que LL.EEx ont la bonté de donner.

    7o Le dit régent conduira et gouvernera régulièrement par lui-même l’horloge qui est sur la Tour du dit lieu et recevra par le recteur du dit hameau annuellement dix florins pour ce fait.

    8o Le dit régent aura son logement à la maison du dit hameau et dans le cas qu’il ne trouve pas à propos de l’habiter, il ne pourra demander dédommagement et ne la pourra louer à d’autres, au contraire le dit hameau sera libre d’en disposer comme mieux lui conviendra.

    9o le dit régent continuera de jouir des congés des semailles et moisson suivant usage et règlement souverain.

    10. Le dit régent recevra deux cent huitante florins annuellement par les mains du Gouverneur de l’honorable commune,  outre un sac d’orge que LL.EEx ont la bonté de donner[1].

[1] AHA, BA1, 1784.

    La maison d’école nécessitera elle aussi des travaux d’importance. Il est toujours coutume de boire un verre lors de la passation du marché.

    L’enquête sur les écoles de 1799, dite Stapfer, donne des indications précieuses sur l’enseignement au village de l’Abbaye cette année-là. Nous en donnons quelques éléments :

    Les élèves proviennent naturellement du village lui-même, mais aussi de Groinroux, avec cinq enfants pour l’école,  et d’une maison écartée dite sur St-Michel, avec trois enfants à enseigner.

    Joli programme que voilà : lecture, écriture, arithmétique, chant des psaumes et les principes de la religion et de la morale.

    On tient l’école toute l’année, à l’exception de quelques semaines de congé dans le temps des semailles et de la moisson.

    C’est le régent qui fait les catéchismes. Il s’appelle Jean David Guignard. Il a 33 ans, deux fils et une fille. Il enseigne depuis 12 ans environ, soit depuis le 15 octobre 1786.

    Avant l’enseignement, il demeurait déjà à l’Abbaye où il s’occupait d’agriculture.

    Il a sous sa férule 38 garçons et 27 filles, soit en tout 65 élèves ! Qui dit mieux ! Cela en hiver, tandis que l’été ne voit plus que 12 à 20 élèves, tant garçons que fille.

    Le collège est en bon état, avec une seule chambre pour l’école.

    Il touche comme salaire deux sacs d’orge – l’un en qualité de chantre – et 7 louis soit 112 francs de la part de la commune.

    On constate ici que l’école de dessus de l’Abbaye n’est pas citée. Elle a sans doute déjà été abandonnée.

    Mais le régent n’a pas quitté l’agriculture ainsi que ce questionnaire  pourrait le donner à croire. On le trouve ainsi  amodiateur du bien de Vers chez Piccottet appartenant au village en 1800.  

    Le désir de disposer d’un nouveau collège est dans l’air dès les années vingt du XIXe siècle, soit en cette période ou l’enseignement mutuel fait des vagues et sera même par ailleurs appliqué au Chenit.

    On requiert l’aide du canton pour la construction du nouveau collège. Lettre de 1829. La commune est naturellement aussi sollicitée. La mise en place de ce nouveau bâtiment sera une belle et longue aventure. Les élèves disposeront enfin de plus de place, et il est bien possible que c’est de cette époque que date le dédoublement des classes, portant ainsi le nombre d’élèves pour chacune à une trentaine environ.

    Etablir les fonctions du réent ou de la régente de l’époque, nous entraînerait trop loin. Notons que la religion se trouve toujours au premier plan et que le régent participe à des lectures à l’église. Traitement de 350.- payables par la commune, plus logement, plus jardin et droit de bourgeoisie pour le cas où il ne serait pas lui-même bourgeois.

    L’installation d’un beffroi, soit clocher (on parlait d’un bec froid !) date des années soixante. Il y aura désormais pendule et cloche aussi au collège.

    En 1977 le département de l’instruction publique pense qu’il vaut mieux construire à neuf plutôt que de restaurer le collège qui a pris un coup de vieux.

    Mais il y a aussi regroupement scolaire.

    Et c’est ainsi que l’école ferme ses portes en 1982. C’est la fin d’une époque où l’on avait pu scolariser des élèves au village même  pendant plus de trois siècles. Une grande aventure qui n’est contée ici que par le menu.

A l’ancienne.
Qui saura faire la liste de toutes ces institutrices sérieuses, capables et bien intentionnées ?

Le départ d’une institutrice en quatre temps !

Le Pré de la Cure, un cadre magnifique pour une photo de classe.
Le joli temps des tresses
Pendant les temps d’école, les maisons commencent à pousser dru sur le Pré de la Cure.
Des instituteurs plus farfelus que d’autres ! Ici Olivier Guisan.
Une cour connue de bien des générations d’élèves.
Parmi lesquels vient parfois s’insérer une fille…

    Quand les enfants s’amusent à se marier… 

Route cantonale. Les voitures ne les gênent pas encore.
Il est évident que l’on est quand même plus tranquille à la rue du Moulin.
Les mamans approuvent ces jeux innocents, puisqu’elles prennent les photos. Ci-dessous, Chez Colas.

    Quand l’on s’éloigne quelque peu du village…

Course d’école aux gogants de St. Cergue
Course de gym à la Faucille
Course de gym au Chasseron
Jour de Pâques à St. Michel
St. Michel qui semble à l’époque, années cinquante, un lieu très prisé pour ce type d’amusement. La plupart des habitants n’ont sans doute pas encore la voiture. Alors que fait-on ? On s’amuse sur place. On poursuit une tradition de jeux collectifs venus pour certains sans doute du fond des âges.
La cueillette des jacinthes
Pique-niques et promenades sur les hauteurs sont appréciés et récurrents.
Vacances à la Blondinette.
C’était en des temps plus anciens, quand l’on marchait sur le chemin…

    Quand le ski s’invite dans les loisirs

Les premiers essais se font à proximité même du village.
Là où l’on construira le premier téléski.
Le temps des concours avec la famille Arthus Berney au grand complet.
Une affaire de famille.
Les parents encouragent toujours.
Histoire de changer un peu.

Et maintenant, accrochez vos ceintures, vous allez tout savoir de la mentalité des gens de la commune de l’Abbaye en général, du village de ce nom en particulier, au milieu du XVIIIe siècle[1]

[1] Enquête sur la population, ACV, Ea 2.

Bailliage de Romainmôtier, paroisse de l’Abbaye, Ch. Bridel, suffragant de son père Philippe Bridel, s.d., avant le 29.11.1764 

    Le nombre des pauvres dans chaque communauté est-il grand ?

    Il ne l’est pas également dans les trois hameaux formant la commune. Ceux des Bioux sont la plupart à leur aise, ceux du Pont le sont généralement, mais un peu moins, ceux de l’Abbaye où la moitié ou presque sont assistés ou dans le cas de l’être quand les chefs de famille viennent à tomber malades ou à mourir.

    Est-ce la volonté et le goût pour le travail, ou l’occasion qui leur manque ?

    Plusieurs causes particulières me semblent concourir à l’extrême pauvreté des habitants de l’Abbaye. Ils ont la passion des terres et en ont très peu, et encore la plupart sont-elles arides. Ils les achètent fort cher. Le plus grand nombre est obligé d’emprunter au 5% pour les payer. Elles ne leur rapportent pas le 3 %. Une bonne partie de leur labeur se consume à payer l’excédent de l’intérêt. Ayant cette passion des terres et en manquant par leur position, ils s’en  sont crées la plupart d’artificielles, si je puis parler ainsi, à demi lieue en dessus de l’Abbaye, dans des lieux qui n’étaient faits que pour des montagnes. Ce qui les oblige à aller s’y habituer pendant l’été. Il leur faut pour cet effet une maison, leur en voilà donc deux à entretenir dans des lieux où elles durent fort peu naturellement, surtout étant inhabitées chacune une partie de l’année. La plus grande partie de leur été se passe à y travailler des terres dont il a passé en proverbe que plus on en a et plus on est pauvre. Ce n’est pas l’occasion qui leur manque, jamais on ne manqua autant de manœuvres qu’aujourd’hui et jamais on ne les paya aussi cher, mais la volonté et le goût pour le travail. Le général des femmes travaille très peu et des hommes fort et vigoureux sont la plus grande partie de l’hiver, c’est-à-dire les deux tiers environ de l’année, à attendre les bras croisés le retour de la belle saison pour aller charbonner dans les bois. Il n’en est pas ainsi des Bioux et du Pont, à l’exception de deux ou trois familles dans ce dernier hameau qui, de père en fils, sont passionnées de la chasse et partant paresseuses, gourmandes et pauvres. Le plus grand nombre s’y occupe passablement. Les habitants de la Vallée sont généralement sujets à des langueurs, mais ceux de l’Abbaye le sont encore plus. Depuis 17 ans que mon père y est pasteur, jamais le hameau n’en a été exempt. Actuellement il y en a cinq languissant d’étisie. L’on pourrait peut-être en donner quelque bonne raison. L’on pèse le sel dans des balances de cuivre dans les villes. Où il s’en débite beaucoup le vert-de-gris ne s’y amasse que peu. Il n’en est pas ainsi dans les villages. J’ai vu plus d’une fois le dessus du sel des paysans chargé de ce poison lent. Ils ont grand soin, pour ne rien perdre, de se faire bien brosser la balance. Or, comme dans les montagnes on a plus de disposition que nulle autre part à manquer par la poitrine, ce vert-de-gris ne pourrait-il point à la longue précipiter les étisies ? je tiens cette observation d’un fort habile médecin français. Je ne m’étendrai pas sur le métier de lapidaire. Il est démontré tous les jours combien il est pernicieux pour les personnes les mieux constituées et à plus forte raison pour les montagnards, dont plusieurs naissent avec un principe d’étisie. Mais je crois ne devoir pas passer sous silence une cause fort meurtrière pour ces vallées. C’est qu’un paysan de la Pièce, ressortissant de Mont-la-Ville, biailliage d’Yverdon, est réputé partout par ici pour un grand devin et médecin, uin devin ne pouvant qu’exceller dans une science où il faudrait si fort savoir deviner la plupart du temps. Il n’y a que quelques années qu’un homme venu le consulter de Coppet demanda fort gravement au village de La Coudre où demeurait le devin de la Pièce, et que la commune de Vaulion en corps est venu le consulter sur une fille perdue dans les neiges, et quoique ses tentatives tournèrent toutes à sa honte, il n’en passa pas moins dans ces vallées surtout pour un grand devin et médecin. Aussi quoique l’on perde la santé ou autre chose, on court à lui pour croire la recouvrer, puisque tous les remèdes qu’il donne se servent du penchant qu’il a pour le vin ; ce sont des potions faites la plupart de vin, d’eau de vie, etc. Ce qui fait que les malades à qui il en donne, s’ils ne sont pas bien robustes, ou en meurent ou en demeurent languissants.

    Quel secours obtiennent-ils de la communauté ou du souverain ?

    Le souverain daignait autrefois en faveur des pauvres mettre les dîmes de la Vallée à fort bas prix. Depuis des années cela a changé, sans doute pour bonnes raisons qu’il ne m’appartient pas d’approfondir. Quand il est humblement supplié par une requête scellée du magnifique seigneur bailli, il ne manque jamais d’accorder aux pauvres qui en font l’objet quelque gratification. Actuellement, il n’est chargé d’aucune pension. Un pauvre de l’£Abbaye me paraîtrait bien digne de sa charité. C’est un père devenu impotent en travaillant par corvée pour la fontaine de la cure. Il a été traité à l’Isle il y a deux ans aux frais du prince, mais inutilement. Présentement il ne saurait plus rien faire que d’être berger. Son nom est Jean Jaques Guignard. Il a pour tout bien huit enfants dont deux seuls ont communié.

    Les secours que les pauvres obtiennent des communes sont des plus chétifs. Il y a deux bourses des pauvres et de la commune. Des procès malheureusement fréquents consument une partie de ceux-ci quoiqu’assez considérables. Celle-là n’a que 588 florins de revenu. Sans compter environ 350 qui se collectent annuellement. Elle donne à quelques pauvres des places pour ces novales, à d’autres un peu de grain ou d’argent. Et le ministre est sans cesse à lutter quand il est question des bourses qui doivent soulager. Elle voudrait presque toujours que celle des pauvres fasse tout et la sienne rien. Peut-être serait-ce un bien que les deux bourses fussent confondues. Cela engagerait les communes à mieux veiller qu’elles ne le font à ce que personne ne devint pauvre par débauche au lieu que, les pauvres soulagés de la bourse des pauvres, il importe peu à la plupart que le nombre en augmente. Plusieurs en sont bien aises et leur aident pour pouvoir acheter leurs terres. 

    Quelles sont les précautions prises pour l’éducation des enfants, et leur encouragement au travail ?

    Pour seul encouragement au travail, la commune ne leur fournit pas le nécessaire, ce qui fait que les plus diligents s’efforcent de sortir le plus tôt qu’ils peuvent de leur état de misère et que ceux qui sont naturellement paresseux contractent un plus grand goût encore de paresse en mendiant.

    On leur enseigne dans les écoles, outre la religion et la lecture, à écrire, chanter et à chiffrer un peu. Avant le métier de lapidaire auquel on les met tous depuis l’âge de 10 à 12 ans, l’on peut dire qu’ils apprenaient cela fort diligemment. Mais aujourd’hui que le prince a cassé la maîtrise, qui dans un de ses articles obligeait les enfants à ne pas sortir de l’école qu’ils ne sussent au moins un catéchisme, l’on ne peut plus être le maître ni le père des enfants. Les régents s’en plaignent amèrement et avec raison. Il y a des pères qui ne rougiraient point d’engager leurs enfants pour lapidaires sans se réserver certaines heures pour les écoles. Il faut que les ministres soient sans cesse en dispute pour cela.

    Le hameau des Bioux ayant d’étendue une lieue et demie et fournissant plus de 75 enfants, le régent est obligé d’aller faire l’école pour la commodité des enfants,  le matin à l’une de ses extrémités et le soir à l’autre. Ce qui fait qu’il y faudrait deux régents. Le hameau du Pont fournit un appartement si petit pour son école que les enfants, trop pressés et comme jonchés les uns sur les autres, ne peuvent la plupart apprendre ni à écrire ni à chiffrer, sans parler de la confusion qui en naît nécessairement. Le régent s’en est plaint nombre de fois et le ministre à la dernière visite d’Eglise déclara publiquement que si cet hiver ils n’avaient pas un appartement plus commode, il se verrait contraint de s’en plaindre au prince.

Comment pourrait-on occuper ces pauvres dans le lieu même ?

    Les uns à filer du coton, d’autres à travailler sur le bois, des troisièmes à faire comme chez nos voisins des clous, à être cordonniers, tisserands, maçons, charpentiers, etc., et non plus comme on le fait pour en être plus vite débarrassés à être de mauvais lapidaires. La fureur de cette profession est si grande aujourd’hui que l’agriculture et toutes les professions utiles sont absolument délaissées. Il n’y a qu’un seul maçon dans toute l vallée et pas un seul séranceur ni cloutier. Chaque année, il va en Bourgogne et dans le comté de Neuchâtel des sommes prodigieuses par ces seuls écoulements. Il n’y a presque plus de charpentiers, de tisserands, de batteurs de grains, de fileuses, d’agriculteurs, il faut faire faire presque tout dans la Vallée par les Bourguignons, les Neuchâtelois, etc. Ceux qui ne sont pas aujourd’hui lapidaires sont tous gens au-dessus de 35 ans. Et ce ne sont pas cependant les gros profits qui peuvent être (la cause du choix) de cette profession : les autres maîtres de métiers font généralement plus de progrès que les lapidaires dont un fort grand nombre ne gagne pas 5 batz par jour. Ce n’est pas non plus sa santé que l’on consulte : bien au contraire, l’on voit deux lapidaires mourir pour un qui ne l’est pas, et ceux qui admiraient il y a 20 ans l’air de force et de vigueur des montagnards ne sont pas peu surpris de les voir aujourd’hui sans bonnes dents, pâles, maigres, menaçants plus ou moins ruine. Qu’est-ce donc qui peut attirer si fort la multitude à cette profession ? La crainte pour le général de la peine jointe à un certain goût d’indépendance. Six mois d’assujettissement suffisent pour faire un mauvais lapidaire et c’en est assez pour la plupart. J’apprends que la fureur pour cette profession commence à gagner dans le plat pays, pour peu qu’elle y fasse des progrès, l’on y manquera absolument de manœuvres. Avant que le nombre des lapidaires fut si prodigieux, un ouvrier gagnait pour le moins le double qu’actuellement, c’est-à-dire sur 100 personnes, en voilà aujourd’hui d’inutiles 50 dont le pays aurait un si grand besoin. Mais je ne m’aperçois pas que je suis trop long.

    Quels seraient à cet égard les arrangements les plus utiles à prendre ?

    Peut-être une école de charité pour chaque bailliage, à l’entretien de laquelle chaque commune contribuerait de sa bourse à raison de ses revenus et du nombre des pauvres qu’elle y enverrait apprendre quelque profession, etc. Si les fonds des communes étaient suffisants, ce que je ne crois pas, étant bien administrés, le prince, le père en particulier des pauvres, daignerait y suppléer. Par là les enfants pauvres ne contracteraient plus, en mendiant, un goût de fainéantise qui ne leur reste que trop souvent toute leur vie.

    Quels sont les soins qu’on donne particulièrement aux pauvres invalides et vieillards ?

    C’est surtout à leur égard que les secours de la commune sont chétifs, se reposant sur les charités des particuliers, lesquelles, soit dit à leur gloire, sont abondant et principalement dans les Bioux. Elle ne leur fournit que la moindre partie de leur nécessaire. Ils sont donc réduits,  pour ne pas mourir de faim, à se traîner de porte en porte plus d’une lieue et demie à la ronde, et souvent par des temps affreux de vent et de neige. Je n’y pense jamais sans mal de cœur.

Quelles sont les mœurs des habitants en général ? Sont-ils sobres, économes, laborieux, industrieux, agriculteurs intelligents ?

    Ils sont généralement sobres et assez économes, ennemis de tout travail pénible et difficultueux, ils sont industrieux, apprenant tout avec une facilité merveilleuse mais d’ailleurs indépendants, ne pouvant souffrir aucune gêne, aussi ne font-ils jamais de longs apprentissages, de là vient qu’ils sont lents dans tout ce qu’ils font. Pour ce qui est de la culture des terres, le manque d’ouvriers fait qu’on les cultive assez mal. Pour remédier à cette disette de bras, ne devrait-on pas obliger chaque lapidaire à quitter son état quinze jour ou trois semaines pendant les semailles et autant durant les moissons ? Il en résulterait deux biens, l’un que les terres seraient moins négligées, l’autre que les lapidaires en deviendraient plus robustes et s’en porteraient beaucoup mieux. Je sais que cela se pratique quelque part.

    Montrent-ils du talent pour quelque objet d’industrie ?

    Ils en font paraître pour tout ce qui demande de la dextérité dans les mains, tels que le métier de lapidaire, l’horlogerie, etc., que s’ils n’y excellent pas, c’est qu’ils ne peuvent pas s’assujettir à aucun bon apprentissage.

    Quelle est à peu près dans la communauté la proportion des terres cultivées ou non cultivées, particulièrement aux pâturages et fonds communs ?

    La commune elle-même n’en sait rien faute de reconnaissance. Il suffira d’observer. Je crois que tous les fonds et pâturages sont des bois, des montagnes, qui ne sont susceptibles d’aucune culture.

    Observations

    La commune de l’Abbaye a un moyen bien aisé pour augmenter le revenu de ses pauvres. Elle a des biens appelés communs mais qu’on devrait plutôt appeler biens des riches, puisque les riches seuls en profitent et peuvent en profiter. Chaque particulier peut mettre pâturer l’été autant de bétail qu’il en hiverne, et comme les pauvres n’en hivernent point, ces biens communs leur sont absolument inutiles. Des riches qui auront jusqu’à dix vaches, sans parler des chevaux, l’herbe des montagnes s’amodie quand elles sont bonnes jusqu’à 12 florins par bête. Supposé qu’elle n’en valut que 8 florins sur les communs de l’Abbaye, voilà donc ces riches qui tireront annuellement du bien seul de la commune 80 florins tandis que les pauvres n’en percevront que quelques florins en argent ou graine et encore,  à titre de charité. Pour remédier équitablement à telle disproportion, l’on pourrait permettre à chaque particulier de mettre gratis sur les communs une ou deux vaches, et celui qui y en mettrait plus paierait un certain argent qu’on fixerait et qu’on  répartirait aux pauvres qui n’ont pas le moyen de profiter de ce bien public. De cette manière il en résulterait ces deux biens, le premier c’est que les pauvres seraient d’autant soulagé sans qu’il en coutât rien à la commune et les communs ne seraient pas surchargés comme il arrive tous les ans. Cette observation devra paraître plus importante que nous hivernons huit vaches dont nous mettons la plus grande partie sur ces biens communs. L’équité me fait donc parler contre le propre intérêt de notre famille.

    L’autre observation regarde la dépopulation qui ne fait que croître dans ce pays par les causes principales qui la produisent : le luxe et le libertinage. Autrefois le paysan était encore encouragé à se marier et souhaitait même avoir une nombreuse famille. Mais aujourd’hui les dépenses excessives occasionnées par un luxe effréné dans tous les états fait qu’il ne se marie dans le plat pays surtout le plus tard qu’il peut et encore en se disant d’avance comme dans les villes combien il faudra avoir d’enfants. Des lois somptuaires qu’on ferait observer aussi sévèrement après 10 ans de promulgation – car autrement elles seraient ruineuses – qu’au premier jour,  pourraient remédier en partie à ce fléau de taxe sur chaque personne qui ne serait pas mariée à 30 ans. Cela encouragerait le paysan à ne pas laisser perdre inutilement sa jeunesse. Un avantage qui en résulterait, c’est que cet argent que l’on percevrait, étant appliqué à soulager ceux qui auraient au-delà de cinq enfants, le paysan qui en aurait déjà quatre, ne mettrait plus d’obstacle comme il ne le fait que trop indignement à en avoir le cinquième, le sixième, le septième, car on l’aiderait à proportion de ce qu’il peuplerait. Que si l’argent qu’on retirait de ces petites taxes n’était pas suffisant dans certains endroits pour produire les encouragements en question, le prince,  qui a tant d’intérêt à la population et qui est d’ailleurs si bienfaisant, daignerait bien y suppléer.

    Voilà quelques observations qui seraient plus intéressantes et solides sans ma jeunesse…

    P-S : Il faut convenir que le métier de lapidaire, à part cependant la santé, serait avantageux à la Vallée pour les filles qui ne sauraient y gagner par jour leurs 4 batz à moins qu’elles ne fussent tailleuses ou fileuses de coton, mais le mal est que, devenues mères, elles quittent aussitôt leur état sans savoir néanmoins ni filer ni coudre ni tricoter ni jardiner. Quelles mères et dès là quelles familles !

    Marie-Claire se souvient