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Le pêcheur

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    Le lac de Joux – évocation –

    Le village de l’Abbaye est doublement attaché au lac. D’une part par son nom ancien, l’abbaye du Lac-de-Joux[1], et d’autre part parce qu’il en est riverain, et que nombre de ses activités, de loisirs plus que professionnelles aujourd’hui, sont tournées du côté de cette vaste étendue d’eau, la plus grande de tout le Jura suisse.

[1] Jadis les tirets pour Lac-de-Joux étaient presque toujours de circonstance.

La commune de l’Abbaye, du fait d’être toute entière riveraine de ce lac, fut toujours soucieuse de l’écoulement de ses eaux qui ne put se faire que de manière naturelle jusqu’en 1903, date d’achèvement des travaux d’une galerie artificielle sur Vallorbe. Elle redoutait non seulement les grandes inondations qui se renouvelait tous les dix ans à peu près, mais surtout une montée inéluctable des eaux qui auraient recouvert une bonne partie des terres cultivées et surtout les villages.

    En vue de maîtriser les eaux, elle racheta les installations industrielles situées sur l’entonnoir de Bonport, sur la rive gauche du lac Brenet. Elle comptait par ce biais disposer du dit entonnoir et de le curer de manière à ce que les eaux de nos lacs puissent y trouver un écoulement facilité. Ce ne fut jamais le cas, les inondations perdurèrent et les frais liés à ce site industriel pesèrent lourdement sur les finances communales. 

    Aujourd’hui, si les eaux des lacs continuent à emprunter les entonnoirs pour ressortir à la résurgence de l’Orbe, elles servent aussi à alimenter les usines électriques de La Dernier.

    Le lac de Joux eut toujours son utilité quant à la pêche. Les abbés étaient déjà friands de poissons. Leurs successeurs n’allaient pas déroger à  de tels goûts culinaires. Espèces principales: truite – brochet – perches et féra.

    Deux pêcheurs professionnels se partagent le lac, à chacun sa moitié ! Ils restent actifs l’hiver en établissant une garde sur sa surface gelée.

    Le lac reste un lieu privilégié pour les loisirs nautiques d’aujourd’hui. En belle saison : natation – plongée sous marine – ski nautique – voile – planches à voile – paddle –  aviron et divers. En hiver, lorsque le lac est gelé : patin – char à glace – ski et snowkite.   

    Mais le lac reste aussi, pour la majorité de la population, partie intégrante du paysage, avec sa lumière qui change au fil des heures ou des saisons.  

    Il est magnifique. Il reste indispensable !

Le lac de Joux – évocation –

    Le village de l’Abbaye est doublement attaché au lac. D’une part par son nom ancien, l’abbaye du Lac-de-Joux[1], et d’autre part parce qu’il en est riverain, et que nombre de ses activités, de loisirs plus que professionnelles aujourd’hui, sont tournées du côté de cette vaste étendue d’eau, la plus grande et naturellement la plus belle de tout le Jura suisse.

[1] Jadis les tirets pour Lac-de-Joux étaient presque toujours de circonstance.

On n’étonnera personne en disant que le lac de Joux se verse en son extrémité dans le lac Brenet et qu’autrefois les eaux ne pouvaient s’écouler de cette vallée fermée que par les entonnoirs. On surveillait ceux-ci de près. La crainte d’être submergés un jour ou l’autre de manière définitive tenaillait en permanence nos Combiers, surtout ceux situés directement sur les rives des lacs.  Raison pour laquelle par ailleurs en 1777 la commune de l’Abbaye racheta les usines de Bonport situées pourtant hors de son territoire, sur la commune du Lieu, rive gauche du lac Brenet. Cette acquisition n’allait pas se trouver très judicieuse. Au contraire, coûter des sommes considérables à cette collectivité du fait des inondations récurrentes du site, avec à la clé des frais de réparations importants des installations industrielles, moulin et scierie.

    Suite immédiate  à cet achat, la commune de l’Abbaye toujours tenaillée par l’inquiétude  de voir les eaux envahir, non pas son territoire tout entier mais au moins les rives bordant le lac[1], invita les deux autres communes à se joindre à elle afin de creuser plus profondément les entonnoirs de Bonport. Celle du Lieu y consentit sous certaines conditions. Afin de  pouvoir travailler dans un gouffre qui reçoit des eaux en permanence, il fallait retenir celles-ci. On le fit entre le lac de Joux et le lac Brenet, établissant ce que l’on nommait  à l’époque un batardeau. Celui-ci fit  monter l’eau du lac de Joux d’une douzaine de pieds plus haut que celui du petit lac qui s’était vidé en partie.  Malheureusement le barrage, peu solide d’avoir  été construit à la hâte et à la diable,  céda et la force des eaux enleva  une quantité considérable de matériaux et mis quasiment les pieds du pont à l’air libre. On était responsable.  Il fallut reconstruire. Travaux pour lesquels la commune de l’Abbaye ne montra que peu d’empressement, soucieuse des coûts plus que de ses responsabilités.  

[1] On signale des inondations importantes pour 1571, 1600, 1751, 1817, 1863, 1867, 1883, mars 1888 et octobre 1899. Plus près de nous les inondations de 1955 soulevèrent la cabane du Hockey-Club Pont-Charbonnières. En 1751, à la suite de pluies prolongées, le lac monta jusqu’au niveau des Moulins du Chenit, emporta le pont entre les deux lacs et força à évacuer les maisons riveraines au Pont et aux Charbonnières.

Bonport fut donc toujours un poids pour cette commune plus qu’un avantage[1]. Elle s’en libéra au milieu du XIXe siècle en vendant le site industriel à un particulier du Pont. Elle garda plus tard, alors que l’Etat de Vaud était devenu propriétaire de l’endroit et reconstruisait la digue, vers 1890, un précieux témoignage de cette  époque de quelque trois quarts de siècle : une pierre sculptée qui faisait état du travail des maçons des Bioux lors d’une reconstruction de la chaussée de Bonport en 1822. Elle figure aujourd’hui dans le mur du cimetière de l’Abbaye. 

[1] Lu dans : René Meylan, La Vallée de Joux, 1929, note de la page 155 : Les locataires des entonnoirs étaient tenus de les curer deux fois l’an. On attribua à leur négligence les inondations dont souffrait la Vallée. C’est pourquoi la commune de l’Abbaye racheta les usines en 1777 pour mieux pouvoir surveiller le débit des entonnoirs. Un incendie détruisit en 1798 le moulin et la scierie qui furent reconstruits de 1800  1803. La grande inondation de 1816-1817 submergea de nouveau les constructions. La digue fut relevée à grands frais en 1822. En 1852, l’Abbaye renonça à entretenir les moulins qui furent mis aux enchères et exploités par un particulier. Le 23 décembre 1882, il tombait un mètre de neige et les deux jours suivants, il plut à torrents. Le 1er janvier 188e, les constructions furent soulevées flottèrent dans l’entonnoir pour s’y écraser lors du retrait des eaux. En 1890 eut lieu l’expropriation par l’Etat.

Les maçons des Bioux, Rochat en particulier, formaient une belle corporation composée de nombreux membres. Il en avait été de même quelques décennies plus tôt des maçons Rochat des Charbonnières. Pourtant aucune parenté directe entre eux.

L’Abbaye prit assez tôt après sa création, le nom d’abbaye du Lac-de-Joux. Elle se mit sous la protection de Sainte Marie-Madeleine, patronne du lac. Plus tard, après le départ des abbés et par souci de simplification on en vint à ne plus dire bientôt que L’Abbaye pour le village qui s’était créé à partir du couvent. Phénomène appliqué à plusieurs autres lieux dits de la Vallée.  Ainsi Le Lieu de Dom Poncet devint Le Lieu – ce qui ne signifie plus rien – et l’Orient de l’Orbe opta pour un simple L’Orient, ce qui ne veut plus rien dire non plus !

    Cloisonnés dans une Vallée relativement étroite, sans contact visuel avec les belles régions de la plaine vaudoise, les Combiers n’allaient pourtant pas se laisser mourir de faim ! Ils turbinaient farouchement à leurs cultures, et complétait à l’occasion leur menu par de la chasse ou du poisson du lac. Cette collectivité garda donc le droit de pêche à la ligne pour tout un chacun, tandis que le prince offre encore aujourd’hui des droits plus étendus aux deux pêcheurs professionnels qui sillonnent le lac. Les mêmes, en hiver, ont charge de le piqueter afin de le rendre accessible aux patineurs.       

    Ce lac offrit toujours des possibilités  de transport. D’abord, en la période monastique,  pour les gens de Vaulion qui y flottaient leurs grumes depuis le territoire du Chenit. Puis bientôt pour les bateliers qui transportaient du charbon de ce même endroit à la pointe notre-est du lac Brenet où se trouvaient des entrepôts, propriétés des industriels de Vallorbe.  

    C’est dans ce même lac qu’aurait échoué, selon la légende, la cloche d’argent que les abbés sonnaient une fois l’an le matin de Pâques. Campane qu’ils auraient prise avec eux sur le lac lors de leur retraite de 1536. Une mauvaise évaluation du poids, et hop, la voilà passée par-dessus bord. Et si les abbés purent regagner le bord,  rive occidentale, la cloche quant à elle  sombra dans les profondeurs du lac où elle se perdit. Et non seulement elle y reste  encore,  mais il lui arrive de sonner ! Toutefois, à ce qu’il paraît, pour l’entendre, le soir à l’heure de l’Angélus, il faut posséder le cœur d’un saint ou celui d’un enfant, et surtout avoir les oreilles d’un poète !

    Les Bernois, arrivés à la Vallée en 1536, reprirent tous les droits que les abbés pouvaient posséder sur le lac de Joux. Ils ne voyaient pas d’un trop bon œil que les habitants de la région l’utilisent comme voie de communication d’une rive à l’autre alors que la glace avait pris. Les accidents nombreux les obligèrent à réglementer ce trafic hivernal.  

    Rien n’y fit, été comme hiver, on en disposait. Mais non sans risques.  Pour une période plus moderne, la chronique locale, par le biais de la FAVJ, fait souvent état d’accidents dont nombre finissaient en noyades mortelles. La beauté magique de cette vaste étendue d’eau révèle donc des dangers redoutables. Ainsi peut-on lire dans le registre des inhumations des citoyens des gens des Charbonnières : Le vingt trois septembre 1907, à six heures du soir, est décédé accidentellement au Lac de Joux près de l’Abbaye Guignard Jean-Henri, profession instituteur.

    L’homme était un pêcheur invétéré. Et il est bien connu que les marins et pêcheurs ne savent pas nager.  On en a la preuve !

    C’est aussi ce lac que traversait en des temps anciens, le pasteur de l’Abbaye qui avait en plus de sa paroisse la charge de celle du Lieu. Il faisait la course en barque à rames. Parti du village de l’Abbaye, il ramait ferme – ce devait plutôt être l’un ou l’autre de ses accompagnateurs ! – pour rejoindre l’autre rive suivant une belle diagonale, déposait sa barque sur la rive gauche et ensuite grimpait la colline pour redescendre de l’autre côté où il rejoignait la grande église de la Rochettaz, alors située à la Combe, lieu où se trouve aujourd’hui la gare du Lieu. Le parcours terrestre n’était donc que de quelques minutes sur une sente qui fut nommée plus tard Le chemin du ministre. Ce toponyme, tout comme le chemin, existent encore.

 

ACL, cadastre de 1814. On parle indifféremment du Sentier au Ministre, ou du Chemin au Ministre. Ici il s’agit du Sentier au Ministre.

On sait que le lac de Joux, depuis l’établissement d’un canal souterrain d’évacuation des eaux sur Vallorbe dès 1901, est devenu bassin de retenue afin de produire de l’électricité. Si les riverains sont certes désormais délivrés des angoisses passées, ils doivent admettre que le niveau du lac n’est pas toujours le même, et qu’en cas de forte sécheresse, celui-ci baisse pour mettre à nu les rives qui ne révèlent plus qu’une caillasse peu esthétique. Le lac prend alors  une bien triste mine.

    Mais ne gâchons pas le plaisir de ses habitants qui y trouvent, l’hiver tout autant que l’été, des plaisirs simples mais enthousiasmant. Tel le patinage. En prenant alors le lac par le travers on arrive  à ces roches jaunes que l’on aperçoit sur l’autre rive, et où les frères Le Coultre, en 1875-76, avaient peint un vaste patin sur une paroi relativement lisse. Le site est désormais connu sous ce nom, Le Patin. 

    Précisons que cette date ne correspond nullement à un certain niveau qu’aurait atteint le lac lors d’une forte inondation, le bas de la lame établissant le point maximal. Mais simplement l’enthousiasme des patineurs de pouvoir désormais disposer de lames d’aciers de beaucoup plus performantes que les précédentes en métal ordinaire.  Cette révolution ne pouvait qu’enchanter les  mordus de patinage qui l’étaient tant qu’ils créèrent le Club des Patineurs en 1886. Ses membres avaient désormais la responsabilité de surveiller la glace du lac et d’aménager des sites et des couloirs de patinage plus ou moins sécurisés.  

Le nom des créateurs de cette peinture monumentale figure en petit plus bas et sur les côtés. C’est alors la grande époque des frères Le Coultre de la Golisse.

Le rôle de gardiennage du Club des Patineurs qui ne devait exister que quelques années, fut bientôt repris par la Société de sauvetage des lacs de Joux. Celle-ci fut établie par les 3 communes le 30 novembre 1898.  Elle avait pour tâche de veiller à la parfaite sécurité des patineurs en leur signalant, par des écriteaux placés ici ou là, les endroits où la solidité de la glace était douteuse.

    Pendant toute la période où le patinage était autorisé – et l’est encore, car la garde du lac reste une des obligations de nos trois communes – un garde éprouvé, reconnu officiellement, se tenait à la disposition des patineurs.

    Cette garde, efficace, n’empêcha toutefois jamais les imprudences et les noyades. Qui à cet égard ne se souvient-il pas de la disparition dans les eaux glacées de notre lac d’Edmond Rochat dit P’tit Coq, de l’Hôtel de la Truite,  qui s’était aventuré dans une zone dangereuse au mépris des conseils de ses accompagnateurs qui ne purent qu’assister de loin à ce drame.  

    Une sorte de traineau avait été construit par la dite société afin de venir en aide  pendant qu’il était encore temps aux malheureux accidentés. 

Deux gardiens du lac.

Quelques années avant la fin du XIXe siècle,  en 1889, naissait la Compagnie de Navigation sur le lac de Joux. Un petit navire à vapeur fut affrété. Ainsi  le Caprice, premier du nom vogua-t-il – allègrement sur les cartes postales, tant bien que mal dans la réalité –  jusqu’en 1912 où la société l’abandonna pour se recréer et mettre à l’eau un second navire du même type, le Matin. La première guerre mondiale devait mettre un terme abrupt à toutes ces velléités touristiques. Les photos du début du XXe siècle  fort heureusement, témoignent de cette époque que l’on qualifie aujourd’hui de belle ! Romantique dans tous les cas avec les magnifiques toilettes de ces dames qui osaient se risquer par ce moyen de déplacement fort original  sur les eaux alors limpides de notre lac de Joux.

    Une société de navigation devait renaître en 1976 et lancer le Caprice II. Celui-ci  navigue encore allègrement aujourd’hui.

    Un dossier, en complément, vous narre la belle aventure de la navigation  avec plus de détails.

Le Caprice premier du nom va accoster à l’embarcadère de l’Abbaye, plus précisément de Vers chez Colas.

Un lac, passons par-dessus mille particularité, où les sports lacustres, avirons, voile et autres, se développent à l’envi. Mais où surtout, nos deux pêcheurs professionnels continuent à le sillonner dans les brumes du petit matin. Ceux-ci connaissent alors dans cette belle lumière naissante des effets surprenants voire magique. A cet égard ce sont des bienheureux ! Mais en plus des philosophes !

Va et contemple ton pays ! Ce simple pékin regagnant le village par la route du Mont-du-Lac peut admirer tout à loisir son magnifique village établi sur la partie ouest du delta de la Lionne.

Un lac dont on s’intéresse sans cesse à son niveau et à son état quand vient la glace

Au gré de quelque recherche historique on découvre des notes de ce type.

    Que dire de ses débâcles ?

Mais sauvez-moi ce Caprice !

    L’aventure  de la navigation sur une étendue d’eau située à plus de 1000 m, avec les glaces de l’hiver, devait requérir les bonnes volontés de tous les intervenants, et notamment des villages en ce qui concerne les débarcadères. Celui de l’Abbaye n’échappa pas à la règle :

    4 juin 1889. Construction d’un débarcadère. Il est donné connaissance d’une lettre de la compagnie de navigation annonçant qu’elle ne peut accepter les trois cents francs offerts pour la construction d’un débarcadère et engage le Conseil administratif à le faire construire elle-même Chez Colas, délibérant il est décidé de faire demander à Henri Rochat et Ct Reymond charpentiers quel prix ils feraient pour cette construction ; après les avoir entendus, il est décidé de les charger de cet ouvrage qui devra être fait d’après le plan établi pour le prix de deux cent dix francs toutes fournitures à la charge du hameau. Ce prix est consenti à la condition que ce travail soit bien exécuté solidement et sous la direction du Conseil administratif ; ensuite de cette décision une publication sera faite pour la fourniture d’environ 40 mètres carrés de boudrons en mise publique pour lundi 10 juin à huit heures du soir.

    21 juin 1889. Débarcadère. Ecrire à la Société de navigation que le débarcadère construit d’après le plan donné étant terminé, elle peut en faire la reconnaissance et s’assurer de sa solidité[1].

[1] ACA, livre de procès-verbaux de l’époque concernée.

Ce débarcadère, dont l’entretien fut toujours à la charge du village, devait exiger sans cesse des restaurations, avec  un rallongement en 1897,  voire des reconstructions. Et cela jusqu’à la fin de la dite compagnie, deuxième formule, en 1914.

Projet de mars 1913. C’est la dernière qui sonne !
Une publicité très alléchante.
Et l’horaire chaque année dans la FAVJ.
Et vogue la galère au cœur de l’été, mais attention, rentrez votre bateau aux premiers grands gels, sinon ce sera comme ci-dessous.

Des anciens et anciennes se souviennent :

    Les petites de Palézieux

    Avec quelle hâte on attendait leur arrivée. Toute la maison était en émoi et grand’my préparait force gâteaux et bricelets. Enfin, un beau jour de juillet, on partait à leur rencontre au Rocheray, car le Pont-Brassus n’existait pas encore, et le trajet se faisait par le lac. Quelle émotion quand le majestueux « Caprice » (il paraissait si grand !), se montrait enfin ! La passerelle est jetée. Voici oncle Albert en tête, avec son chapeau de paille, Tante Emma, toujours vêtue de noir, et les deux petites en robe blanche, avec leurs longs et beaux cheveux châtains, deux anges apparemment. De part et d’autre, ce sont des rires, des baisers, des questions sans fin, et c’est ainsi qu’on s’achemine vers la chère vieille maison[1].

[1] Rose Guignard, manuscrit inédit des années cinquante.

    Autrefois, avant la construction du chemin de fer Pont-Brassus, un petit bateau à vapeur sillonnait journellement l’onde claire du lac et transportait les voyageurs du Pont au Rocheray. « Caprice » était son nom, et ce nom lui allait à merveille, car il se montrait parfois fort capricieux dans sa navigation. Il lui arrivait de s’ensabler. Un jour que pareil accident lui était advenu, il avait à son bord un vénérable magistrat, décédé depuis longtemps, qui, saisi d’une émotion bien compréhensible, apostropha l’équipage en ces termes : « au nom de la loi désensablez-moi ce bateau ». Du gentil « Caprice » il ne reste que le souvenir et les vestiges chaotiques de la jetée d’accostage[1]

[1] Le Rocheray, texte, paru dans la Revue du 4 février 1934.

Quand j’étais gosse, j’habitais la vieille maison située à la Point, vers chez Grosjean. Très souvent, j’allais sur cette pointe héler le pilote M. Bally, qui me faisait signe en passant. Il était vêtu d’un uniforme bleu avec boutons d’or et portait naturellement la casquette. Il était accompagné d’un contrôleur vendeur de billets, lui aussi en uniforme, qui faisait le service d’amarrage. Le dernier chauffeur, Marius Hering, qui fut ensuite coiffeur au Sentier, est mort au printemps 1978. Nous allions pêcher la perchette quand il y en avait encore, sur le débarcadère situé dans le golfe de vers chez Grosjean, débarcadère qui était pratiquement inutile, car on se contenta d’un seul débarcadère situé sous le temple. Ces débarcadères construits entièrement en bois, sur pilotis, devaient être démontés en temps utile, car la glace aurait tout écrasé, et reconstruits au printemps. Le coût de ces opérations a fait l’objet de contestations entre les villages et la commune, chacune de ces administrations voulait se décharger sur l’autre. Je crois qu’en ce qui concerne les Bioux, les jeunes du village y contribuaient bénévolement. L’un d’entre eux, le jeune Reymond, s’est même noyé en faisant ce travail. Ce devait être aux environs de 1890. A cette époque, on ne parlait pas de responsabilité civile, et financièrement l’affaire fut vite classée. Lors de ses soirées, la Société de Gymnastique, fondée en 1907, était autorisée à se servir des planches du débarcadère pour monter une scène surélevée dans la remise qui tenait alors lieu de grande salle. J’ai pris part à ce travail.

    Durant l’hiver, le bateau était abrité sous une remise en bois située au Rocheray. Lors d’un hiver précoce, le bateau a été emprisonné dans la glace au débarcadère du Pont. Il a fallu chaque jour aller casser la glace pour qu’il ne soit pas écrasé. Des rails et un wagonnet permettaient de monter le bateau dans le hangar du Rocheray[1].

[1] O. Dedie, Histoire de la navigation sur le Lac de Joux, 1976, pp. 8 et 9.

Le caprice au Rocheray. Le hangar pour réduire le bateau pendant l’hiver est à droite du Moulin.
Le Caprice deuxième du nom ne connaîtra hélas jamais la vapeur. Il a tout de même belle allure sur les flots bleus du lac de Joux.

La saga des petits patineurs de l’Abbaye

La glace est parfaite mais les chutes toujours possibles. Une fillette s’improvise secouriste !
Une maman passait par là pour les prendre en photo, ces petits !
Souvent, patinage artistique pour les filles et hockey pour les garçons.
Aujourd’hui membre du comité du chemin de St- Norbert, elle posait alors pour l’éternité.

Lac de Joux, solitude et immensité

2012 Par grande bise.
Quand la neige est venue. Photo du 28.2.2013.
Des couleurs extraordinaires. 2017.01.26.

Sortez vos patins !

Le lac de Joux vu par quelques cartographes

ACV, Bq 2., 1572. Cette carte est exceptionnelle par les informations qu’elle donne
Carte Schepf de 1578. De beaucoup plus fantaisiste.
Carte Wiflispur Gergov de 1595. Bien approximative en ce qui concerne l’hydrographie de notre région.
Partie de droite de la carte Vallotton des ACVaulion, de 1709. Le lac sert aux barques à charbon avec mats et voiles qui se rendront à l’extrémité nord-est du lac Brenet. Vallotton se révèle précis dans sa fantaisie. La Vallée, il la connaît et sera par ainsi l’auteur de nombreuses cartes de celle-ci, néanmoins partielles pour la grosse partie de sa production. A rapprocher de celle-ci la grande carte dite de Yale – parce déposée à cette université aux USA – que l’on situe vers 1710, admirable document.
Carte frontière Exchaquet. Fin du XVIIIe siècle.
Carte IGN de 1783. Ces messieurs les cartographes du roi Louis XVI avait travaillé avec une précision étonnante, tout en utilisant les instruments de mesure les plus perfectionnés de l’époque. Il faut six rouleaux pour retrouver la Vallée dans son entier.
Carte Mallet de 1828. On retombe dans l’approximatif.
Carte sommaire de la région datée de 1853.
Carte fédérale de 1892. La précision est désormais parfaite. Ce type de carte se trouvera prolongé jusqu’à nos jours, avec simplement la couleur en plus.
Néanmoins les retours en arrière sont toujours possibles. Carte générale de la Vallée de la première moitié du XXe siècle. Elle a l’avantage de couvrir la Vallée dans son ensemble, tandis qu’il faut pour le même fait et avec les cartes fédérales au 1 : 25 000, non moins de six cartes pour avoir le tout du territoire combier !
Exceptionnelle carte synoptique des années cinquante, promue par l’Office du Tourisme de la Vallée de Joux. On n’a jamais fait mieux depuis lors.

Le lac vu par les artistes

Bourgeois 1822. Le romantisme est roi et la Vallée est belle. Quel enchantement que de la découvrir de telle manière en descendant de Pétra-Félix par l’ancienne route passant au Mont du Lac.
Suzy Audemars, huile sur toile, 1938, De la Dent de Chichevaux à la Dent de Vaulion, l’Essor, 2011.
Une toile exceptionnelle révélant les lignes harmonieuses et parfaites de notre haut vallon.
Notre romantique Milon dont la grâce et le romantisme fascinent..

Quand le tourisme s’en mêle.

L’une des plus splendides couvertures d’ouvrages publicitaires. 1904.
Affiche des années trente. Il fait si beau, là-haut…
La dernière en date, début des années cinquante.
Dépliant publicitaire « classique », vers 1955.
Idem
Dépliant publicitaire années 75-80.
Dépliant publicitaire des années 2000.

Les nouveaux sports débarquent

Dragonnades sur le Lac de Joux le 4 septembre 2016 – dragonboat –

    Traduction de la prononciation ci-contre faite entre l’Abbé et les religieux de l’Abbaye du Lac de Joux et l’honorable communauté de Vaulion du 3e 9bre 1513[1].

[1] J.C. De Crez, Chartrier du Chenit, 1759, Editions Le Pèlerin, 2000. 

    Qu’il soit notoire à tous et un chacun, présent et à venir, que s’étant élevé et excité un différend et une difficulté, et étant à craindre qu’il ne s’en élevât de plus considérables encore, entre le Révérend Père Seigneur Jaques Vargnier, moderne Abbé, de concert avec le couvent des chanoines de l’Abbaye du Lac de Joux, ordre des Prémontré, Diocèse de Lausanne, acteurs d’une part ; et la communauté des gens du village de Vaulion dans la terre de Romainmôtier, défendeurs et parties d’autres part ; sur ce que les anciens et défunts Seigneurs de la Sarra, fondateurs de la dite Abbaye en la fondant l’avaient dotée de toute la Vallée dans laquelle elle est située, savoir le lac, les eaux, les cours d’eau, les prés, les champs, les forêts, les pâquiers, les bois, les joux et toutes les autres choses qui se trouvent dans l’enceinte de la dite Vallée, autant qu’elle s’étend depuis le sommet des montagnes qui sont du côté du Pays de Vaud, jusqu’au sommet du Mont Risouz qui est du côté de la Bourgogne en traversant la même Vallée, et depuis l’endroit appelé Pierra Fully, autrement Foelix, en tirant le long de la Vallée contre le vent jusqu’à une lieue commune en deça du Lac Quinzonet[1], autant que les eaux peuvent, depuis les sommets des dites montagnes et des autres qui s’élèvent autour de la dite Vallée, couler dans le lac ; les dits fondateurs donnant et remettant à Dieu et aux religieux de la dite Abbaye le domaine direct et utile de toute la dite Vallée.

[1] Lac des Rousses.

Et en vertu de cette donation, de même que sous le prétexte de certains arrangements faits depuis longtemps avec les vénérables Abbé et religieux de L’Abbaye  et couvent de St. Oyent, qui s’arrogeaient le droit de propriété dans la même Vallée ; et la quittèrent et l’abandonnèrent entièrement, en renonçant aux droits qu’ils prétendaient y avoir, de même que sur l’endroit où s’était établi Dom Ponce, en faveur de la même Abbaye du Lac, et cela par l’entremise de quelques seigneurs (faits dont il reste des lettres authentiques qui ont même été confirmées par un décret de l’Empereur Frédéric). En vertu de tout cela, dis-je, les religieux de L’Abbaye du Lac de Joux établissaient comme une chose certaine que ni les gens de Vaulion ni aucune autre personne n’avaient droit de couper quelque bois que ce fut dans l’enceinte de la dite Vallée, ni d’en emmener dehors.

    Et de plus ils ajoutaient à ces raisons que les défunts Noble Etienne de Viennaz et Marguerite de Jor sa femme, Dame de la Sarra, et Noble Aimé Seigneur de la Sarra, fils de feu Jean de la Sarra et de la susdite Marguerite alors sa femme, en augmentation de l’ancienne fondation et des anciens dons en faveur de la dite Abbaye, avaient joint et remis à la même Abbaye la juridiction et la seigneurie qu’ils s’étaient réservée dans la même Vallée, et surtout aux environs du lac dans la partie où est située l’Abbaye, c’est-à-dire du côté d’orient ou du Pays de Vaud. Donation en vertu de laquelle les abbés de cette Abbaye avaient depuis toujours exercé la justice par leurs officiers et avaient joui du droit et des avantages de la juridiction.

    Et comme anciennement aussi les religieux de la dite Abbaye étaient dans l’usage et dans la possession de percevoir et de tirer de ceux de Vaulion cinq sols lausannois pour chaque radeau de cinquante punes ou de vingt-cinq billons fendus en deux, que ceux-ci conduisent ordinairement sur le lac depuis le Chenit jusqu’au bout du lac ; les dits religieux prétendaient avoir pu et pouvoir barrer les dits de Vaulion et arrêter leurs punes et autres bois pour obtenir le paiement du pour les dits radeaux ; d’où ils concluaient qu’on devait les satisfaire pour les paiement refusés, s’opposant même à ce que dans la suite et à l’avenir les dits de Vaulion osassent plus couper aucune espèce de bois dans la dite Vallée et dans l’enceinte des bornes susdites.

    A quoi ceux de Vaulion répondaient que nonobstant les donations, arrangements et droits ci-dessus rapportés, eux de Vaulion et les autres de la terre de Romainmôtier, ont pu et peuvent sans qu’on ait droit de s’y opposer, couper toutes sortes de bois dans l’enceinte des bornes de la dite Vallée de l’Abbaye, pour faire à leur gré soit charpente soit autre chose, puisque les joux noires et les bois sont communs, que la dite Vallée est de la souveraineté de notre très illustre Prince et Seigneur le Duc de Savoie et qu’eux de Vaulion comme les autres de la terre de Romainmôtier vivent aussi sous cette même souveraineté et paient annuellement une cense considérable au Château des Clées ; qu’étant de la même vidamie que la Vallée, ils peuvent y couper ; et que même eux et leurs prédécesseurs sont, et ont été, d’aussi loin qu’on puisse se souvenir, et depuis un temps immémorial, dans l’usage et la possession tranquille de couper toutes sortes de bois dans l’enceinte des dites limites pour charpentage ou autres choses à leur volonté et d’emmener ces bois quand, aussi souvent, et par où ils ont voulu.

    Et quant aux radeaux dont il est parlé ci-dessus, ils répondaient aussi que quoique peut-être il se trouve qu’eux de Vaulion ont payé quelquefois quelqu’argent pour quelques radeaux parce qu’ils faisaient passer ces radeaux par dessus le lac, ils ne l’ont pourtant point payé comme une chose due, mais par don gratuit ; ce qui ne devait point être tiré à conséquence contre eux, d’où ils concluaient qu’ils n’étaient point tenus aux demandes qu’on formait à leur préjudice et au contraire ils demandaient que les barres et autres procédures fussent annulées et cassées.

    Après plusieurs longs débats sur ces questions et après plusieurs raisons, exceptions et défenses alléguées de part d’autres, elles ont enfin été terminées et les parties amenés à un accord par l’entremises et la médiation de Vénérable et discret Jean de Borra, Chanoine de Lausanne, nommé par ceux de Vaulion, du su d’Illustre et Révérend Seigneur Michel de Savoie, élu moderne, Abbé commandataire de Romainmôtier, et de Noble et Puissant Jean Seigneur de Colombier-sus-Morges, nommés de même de la part des susdits Seigneur Abbé et couvent du Lac de Joux, aussi du su de Noble et Puissante Dame Huguette, moderne Dame de la Sarra, comme avoyère actuelle de la dite Abbaye.

    Et les susdits, savoir Mr. Jean de Borra, Chanoine et Noble Jean de Colombier, arbitres, soit médiateurs des dites parties s’étant rendus dans la ville de Cossonay et ayant reçu et accepté le pouvoir qui, comme il convenait, leur a été remis par les deux parties, savoir par les pieux Messieurs Pierre Vanod, prieur, Louis Tavernier sous-prieur, Michel Reymond, Jean Puctot et Jaques Actier Chanoine de la dite Abbaye, agissant tant au nom de leur susdit Abbé qu’au nom de tout le couvent de la dite Abbaye en qualité d’acteurs, et par les honnêtes Pierre Mariglay, Nicolet Martignyer, Pierre Bignens, Claude Cusel, Pierre Pollen et Sulpice Jacco, agissant comme défendeurs, tant en leur nom qu’au nom des autres gens de Vaulion ; les dits arbitres, dis-je, après avoir entendu les partie en contradictoire et examiné les droits et les titres sur lesquels elles fondaient leurs prétentions, ont procédé à leur sentence arbitrale, et pour le bien de la paix et l’avantage évident des deux parties, ils l’ont en leur présence rendue telle qu’elle suit.

    Premièrement, qu’il y aura entre les dites parties une paix sûre et une tranquillité durable, et que toutes les prétentions, querelles ou procédures nées ou pendantes à cette occasion, seront dès à présent regardées comme nulles et non avenues, et les dépens compensés.

    Item, que tant ceux de Vaulion, que tous les autres ressortissants de la terre de Romainmôtier, présents et à venir, auront dès à présent et pour toujours le pouvoir et le droit de couper quand et aussi souvent qu’il leur plaira, toutes sortes de bois pour charpente ou autres usages à leur gré, dans toute la Vallée de la dite Abbaye ; dans l’enceinte des limites ci-dessus marquées, et d’emmener ces mêmes bois partout où ils voudront, sans opposition et sans devoir être inquiétés pour cela dans la suite, réservant pourtant qu’ils n’embarrasseront pas les prés de la dite Abbaye d’une manière à y causer quelque dommage.

    Item, que tant ceux de Vaulion, que tous autres quels qu’ils soient, seront dès à présent et pour l’avenir tenus de payer et payeront aux susdits Abbés et couvent, et à ceux qui en ont anciennement ou qui en auront droit de leur part, pour chaque pune et chaque billon rond qu’un cheval peut entraîner, qu’ils conduiront sur le lac par radeau, comme c’est la coutume, ou qu’ils feront passer par le côté oriental du dit lac sur les terres de l’Abbaye, ou en deçà de la rive de la Lionnaz, tant en les traînant qu’en les charriant, ils paieront, dis-je, seulement une obole lausannoise ; et les bois qui auront été coupés pour d’autres dans quelque endroit que ce soit,  de quelque lieu qu’on les amène et par quelque route qu’on les conduise, ne payeront rien à la dite abbaye.

    Cette renonciation ainsi faite et lue en présence des dites parties agissant au nom que dessus, elles l’on acceptée et approuvée ; et ont demandé qu’elle fut rédigée par écrit, pour conserver à la postérité la mémoire de ce qui venait d’être réglé. Et les dits Messieurs les arbitres ont ordonné qu’il en fut fait note par les notaires présents et soussignés, et qu’il fut dressé pour l’usage de chaque partie un instrument public de même teneur. Et les dites parties en ratification de la même prononciation sur les mains des susdits notaires, ont promis et promettent par les présentes, pour elles et au nom qu’elles agissent, par leurs serments faits par les religieux sur le vœu de leur religion, et par les autres en touchant les Saints Evangiles de Dieu, et en faisant de part et d’autre intervenir à la stipulation solennelle l’obligation de leurs biens, elles promettent, dis-je, d’observer la dite renonciation et de n’y jamais contrevenir, mais de la faire observer et ratifier, savoir les dits religieux par leur Abbé, et les susdits de Vaulion par la communaté de tout le village, quand faire se pourra, et qu’ils en seront requis ; renonçant pour cet effet à toutes les exceptions de droit et de fait par le moyen desquelles ils pourraient dans la suite se défendre en contrevenant à ce que dessus.

    En foi , corroboration et témoignage de toutes les choses contenues plus haut, nous l’Official de la Cour de Lausanne, à la prière et sur la réquisition des dits Messieurs les arbitres et des parties elles-mêmes, à nous présentée et fidèlement rapportée par les prudents Jean Gignillat Clerc de Lausanne, et Aimonet Pollens de Romainmôtier, Notaire, tous deux Jurés de notre Cour de Lausanne, devant qui comme par nos ordres s’est passé ce que dessus, à qui nous avons confié notre autorité pour ce fait et à qui nous ajoutons une foi entière, nous avons jugé à propos d’apposer aux présentes le sceau de notre dite Cour.

    Fait et passé dans la même ville de Cossonay, dans la maison du Prieuré du dit lieu, le troisième novembre l’an du Seigneur mille cinq cent treize, en présence des Vénérables Monsieur Etienne de St. Saphorin, Doyen, et François Mermeret, infirmier du dit Romainmôtier, et des prudents Pierre Monod, Bourgeois du dit Romainjmôtier, et Jean Richard Clerc de Baulmes ; plusieurs autres y agissant.

    Signé le même Aimonet Pollens, Jean Gignillat

    Nous sous-signés notaires jurés, attestons d’avoir fidèlement levé et collationné la présente copie, autant que possible, sur le propre original en parchemin dûment signé comme dessus, lequel à cet effet  a été communiqué par l’honorable Communauté de Vaulion (sauf un mot resté en blanc à la troisième page que l’on n’a pas pu lire et qui n’arrête pas le sens de l’acte dans cet endroit). Au Chenit, ce 20 août 1757

    A. Le Coultre avec paraphe.           Dd M.  Nicole, avec paraphe

    C. L. Le Coultre avec paraphe        B Rapin avec paraphe

    J’atteste avoir copié fidèlement et exactement collationné l’acte latin ci-dessus de l’an 1513 sur la copie des quatre notaires qui y ont joint leur attestation, n’y ayant changé que quelques terminaisons de mots qui étaient des fautes grossières dans la langue. En foi de quoi je me suis signé à Yverdon le 19e novbre 1758. De Crez, Recteur du Collège d’Yverdon.

Ballade des Patineurs du Lac de Joux

Là-bas, sous le ciel de janvier

Que pas un nuage ne tache

Ces points noirs qu’on croit distinguer

Qui, sur le fond gris se détachent,

Sur le gris tendre d’un brouillard

Que Phébus, artiste, illumine

Ces points se mourant dans ce fard

Ce sont les Combiers qui patinent.

Sur une glace transparente

Montrant du lac les profondeurs,

Traçant des lignes élégantes,

Bosselant des « huit ou bien des « cœurs »

Ou, Oh ! merveille d’équilibre

Sur des courbes d’humeur badine

Avançant sans balancier, libres,

Ce sont les Combiers qui patinent.

Et ces couples heureux qui passent,

Les bras et les regards croisés,

Qui arrivent, vont et s’effacent,

En  légers profils inclinés

Et que partout se régénèrent

Fondus par la roche voisine

Les longs cris du lac en colère

Ce sont les Combiers qui patinent.

Envoi

Oh ! Lac, qui montre ton courroux !

Nous aimons tant quand tu t’animes

Pourquoi vouloir être jaloux

De nous, les Combiers qui patinent.

10 janvier 1912